Résumé : |
Le rotavirus est un virus responsable de gastroentérites, essentiellement chez les enfants. La transmission interhumaine est principalement orofécale et manuportée. En Europe, il se manifeste sous forme d'épidémies hivernales, et cause fréquemment l'hospitalisation des enfants. Il est le premier agent étiologique identifié dans la diarrhée nosocomiale en pédiatrie. La surveillance des infections nosocomiales en pédiatrie au Centre Hospitalier Sud Essonne est faite chaque hiver depuis l'hiver 2008/2009. Elle confirme la transmission croisée du virus. Malgré la mise en place d'actions de prévention et une consommation de SHA élevée dans ce service, l'incidence des gastroentérites nosocomiales à rotavirus n'a pas diminué. Le but de notre étude a été d'identifier les principales causes de transmission du rotavirus dans le service de pédiatrie, afin de déterminer sur une base objective les actions complémentaires et réalistes à mettre en place. Nous avons réalisé de mars à avril 2013 un audit d'observation sur la conformité de l'hygiène des mains et des précautions complémentaires « contact» au cours des soins, des pratiques de bionettoyage et de la préparation des biberons, mais également sur le respect des consignes de prévention données aux parents et aux visiteurs. Nous avons complété cette observation par des entretiens individuels semi-dirigés avec le personnel soignant en mai 2013 dans le but d'explorer leur connaissance sur les modes de transmission et de prévention du rotavirus dans leur unité. Les résultats montrent que les professionnels mettent en place la plupart des mesures de précautions complémentaires « contact ». Toutefois, on peut observer que si l'observance de l'hygiène des mains, principalement par friction hydroalcoolique, est de 91 % à l'entrée de la chambre, elle est de 76% à la sortie pour les professionnels. Par ailleurs, le port de la surblouse est adapté (94% d'observance) mais le pliage est défectueux dans 47% des cas. Concernant le bionettoyage, on peut constater principalement que le balayage humide n'est jamais pratiqué, et que certaines surfaces ne sont pas nettoyées et désinfectées régulièrement (poignée de porte, support de sac poubelle, lavabo et sanitaire dans les chambres). Par ailleurs, le spectre d'activité du détergent-désinfectant ne semble pas comprendre le rotavirus. Enfin, le respect des consignes données aux parents est insuffisant : 23% d'observance d'hygiène des mains à l'entrée de la chambre, 14% à la sortie, port de surblouse dans 25% des cas et pliage correct dans 14% des cas. Il a été noté des comportements des parents à risque de transmission élevé, notamment dans la gestion des excrétas. Le rôle des parents et des visiteurs dans la transmission nosocomiale du rotavirus a été évoqué par les professionnels lors des entretiens individuels. La restitution de notre étude aux équipes de pédiatrie et la mise en place de groupes de travail nous permettra d'élaborer des mesures de prévention adaptées et d'en évaluer les limites. La surveillance de l'incidence des infections nosocomiales à rotavirus permettra de mesurer l'efficacité des mesures et constituera un indicateur de résultat. Enfin, une sensibilisation accrue des professionnels à la transmission croisée devrait également nous permettre de lutter efficacement contre d'autres agents à risque de transmission nosocomiale comme les salmonelles ou les Bactéries Multi-Résistantes
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