Résumé : |
Du XIXe siècle à nos jours, l'Etat "fort" à la française a connu bien des vicissitudes que l'on se propose de retracer ici. Institution prestigieuse attirant vers elle les élites de la nation issues des Grandes Ecoles, l'Etat organise les activités les plus diverses grâce à son armée de fonctionnaires fidèles à la logique de leur rôle et aux valeurs du service public. Les élites politiques et celles de l'Etat en viennent alors souvent à se confondre, d'autant que l'état demeure fermé aux intrus du monde des affaires, des professions libérales ou des milieux syndicaux. La République des fonctionnaires étend son contrôle loin dans la société à travers les entreprises publiques, ou encore par le biais du pantouflage. Cet Etat "fort" n'en rencontre pas moins la vive hostilité des élites issues des partis de masse ou des notables de province solidement attachés à leurs fiefs ; le mouvement ouvrier et, davantage encore, les milieux économiques dominants récusent aussi sa légitimité au nom de leurs valeurs propres. En dépit de ces refus, en France, l'Etat est demeuré le lieu de régulation de la vie sociale ou culturelle. De nos jours pourtant, après les diverses alternances, de nouveaux processus de circulation des élites se profilent, estompant peu à peu les frontières autrefois si nettement défendues de l'Etat.
|