Résumé : |
La thèse se propose d'étudier les phénomènes d'opposition serviles à la société coloniale de l'île Bourbon (Réunion, Archipel des Mascareignes, océan indien) pendant le dernier siècle de l'esclavage légal (1750-1848). Pour appréhender l'ensemble d'un système en mutation - les failles, les assauts, les réactions - la thèse entend dévoiler ce qui reste du dialogue entre la domination coloniale et la contestation servile. Pour y répondre, elle va notamment s'appuyer sur l'analyse statistique d'une base de données collectant diverses sources judiciaires sur l'ensemble de la période, analyse où seront mises en évidence de manière objective les influences des paramètres qualitatifs retenus. C'est ainsi qu'elle va dans un premier temps qualifier les résistants en tant qu'acteurs selon les critères de démographie historique (âge-sexe), de composition ethnique et de répartition socioprofessionnelle. Elle va ensuite caractériser la résistance en tant que phénomène en déchiffrant sa configuration géomorphologique, ses victimes et ses rythmes (périodisation). Une approche typologique permettra par ailleurs d'analyser plus précisément chacune des différentes formes de résistances serviles par la superposition de deux approches, l'une quantitative, l'autre plus "micro-historique" (études de cas) en distinguant : la résistance de "préservation" où l'esclave envisage des modalités pratiques d'existence au niveau matériel (vol, refus de travail, économie parallèle), culturel (restructuration identitaire) et social (refus des naissances, instruction) ; la résistance-"rupture" par laquelle l'esclave fuit sa réalité (marronage, fuite par mer, vagabondage) ; la résistance-"agression" où l'esclave tente de briser ses chaînes par la violence, de la plus bénigne (insubordination, voie de fait) ou indirecte (suicide, viol) à la plus radicale (incendie volontaire, homicide, complot servile). Les réactions de l'appareil judiciaire colonial seront brièvement envisagées dans un épilogue.
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