Résumé : |
La prise en compte du bien-être physique des soignants, surtout lorsqu'il s'agit d'une activité telle que la manutention des malades, ne fait pas nécessairement partie des préoccupations majeures de ceux qui pensent efficacité de l'Institution Hospitalière, qualité des soins et innovation thérapeutique. Notre étude vise, de façon très concrète et très pragmatique, à analyser les tâches de manutention des soignants d'un service de radiologie pour prévenir et réduire les risques de TMS liés à leur activité. La méthode s'appuie sur une description détaillée des tâches de manutention, effectue une cotation de pénibilité au moyen de deux méthodes (celle proposée par l'INRS et la méthode NIOSH) et analyse les facteurs de risques associés aux manutentions les plus pénibles. L'étude met en évidence l'importance de la charge physique et les fortes contraintes biomécaniques supportées par les organismes. Même si les accidents déclarés liés aux manutentions restent relativement peu nombreux, le risque est réel et on peut craindre une accentuation des " maladies d'usure " sous le double effet de l'intensification du travail et du vieillissement de la population des soignants. Des solutions existent : aménagement ergonomique de l'environnement de travail, aides techniques adaptées, formation spécifique à la manipulation des malades, aménagement des horaires, meilleure répartition des charges de travail, etcCe que l'étude montre aussi, c'est que l'analyse des risques de TMS constitue une excellente porte d'entrée pour une approche globale de la vie au travail. Les soignants que nous avons écoutés, nous ont aussi parlé de leur vécu au sein de l'institution et quand ils évoquent la pénibilité de leur travail, c'est aussi une demande de reconnaissance et de valorisation professionnelle qu'ils expriment. Prévenir les TMS va au delà d'un réaménagement ergonomique du poste de travail, c'est aussi poser la question du bien-être au travail et de l'identité professionnelle.
|