Résumé : |
La résistance armée contre le régime franquiste ou guérilla antifranquiste , qui s'est déroulée sur une grande partie du territoire espagnol de 1936 à 1952, est un événement méconnu de l'histoire récente, et dont les interprétations divisent et opposent encore la société espagnole. En plaçant la notion d'espace au cœur de la réflexion, cette thèse tente de définir la place accordée à la résistance armée et à sa mémoire, et de montrer comment cet événement est sans cesse réécrit. Dans un premier temps, l'étude des acteurs, des pratiques spatiales et des représentations des résistants antifranquistes et de leurs adversaires à partir de sources variées (presse, textes législatifs, écrits de propagande, témoignages...) fait ressortir le caractère hétérogène et fragmenté des guérillas, favorisé par leur fort ancrage territorial, leur isolement intérieur et international, et surtout par la violence de la répression soucieuse de détruire jusqu'à la moindre trace de résistance. Dans un deuxième temps, une approche diachronique de l'inscription de la mémoire dans l'espace, à travers les processus de marquage et de valorisation des traces, permet de mettre en lumière l'évolution des représentations de la guérilla et de sa mémoire, entre deuil familial, hommage politique, commémoration et patrimonialisation. Enfin, la troisième partie analyse, à partir de la notion bakhtinienne de chronotope, les nombreuses représentations littéraires et filmiques de la résistance armée qui, depuis 1937, exploitent le potentiel dramatique de l'événement et se chargent d'interprétations idéologiques susceptibles de dialoguer les unes avec les autres.
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