Résumé : |
OBJECTIF : Au cours de sa carrière, un médecin généraliste est très certainement confronté à une situation de rupture de la relation avec un patient. Par l'exploration d'expériences subjectives de rupture vécues par des médecins généralistes, le but de cette étude est de mieux comprendre la fin d'une relation de soins. MÉTHODE : Une enquête qualitative, par entretiens semi-directifs, a été menée auprès de médecins généralistes volontaires, ayant une activité libérale et régulière, et exerçant en Loire-Atlantique. Les entretiens étaient centrés sur, la situation et le contexte de rupture, les comportements et le profil des patients concernés ainsi que sur les actes, les réactions et les émotions des médecins interrogés. Les données ont fait l'objet d'une analyse thématique. RÉSULTATS : 18 entretiens ont été analysés. Un modèle dominant de rupture médecin-patient a été dégagé. Des facteurs peuvent être prédisposants comme le milieu urbain, l'inactivité professionnelle du patient, le contexte social actuel qui entraîne des attitudes consuméristes du patient, et le surmenage professionnel du médecin. Le terrain relationnel est souvent fragilisé, soit du fait de patients difficiles ou d'une évolution péjorative de la relation faisant naître une perte de confiance du patient et un manque d'investissement du médecin. Puis un événement précipitant fait basculer la relation vers un point de non-retour, tel que le conflit, la frustration du patient, l'épuisement émotionnel du médecin et l'atteinte de principe déontologique. La négociation entre le médecin et le patient est alors impossible, la rupture devient nécessaire. Dans un essai de typologie, quatre types de situation de rupture en lien avec le vécu du médecin apparaissent : la rupture incomprise, la rupture douloureuse, la rupture apaisante et la rupture détachée. CONCLUSION : La rupture de la relation médecin-patient est rare en médecine générale. Elle est utilisée par le médecin en derniers recours quand il est dans l'incapacité de poursuivre la relation, en vue de préserver son intégrité et son bien-être professionnel. Il doit cependant assurer la continuité des soins. Une meilleure qualité relationnelle avec le patient, améliorée par l'acquisition d'aptitudes communicationnelles par le médecin, permet d'éviter les situations conflictuelles et la démission thérapeutique. La prise en charge médicale ainsi optimisée permettrait le renforcement de l'alliance thérapeutique.
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