Résumé : |
Le cancer du col de l'utérus est un cancer de la femme jeune, présentant une faible incidence en France mais une mortalité non négligeable. Ses symptômes tardifs et peu spécifiques permettent d'effectuer un dépistage et un traitement précoces. Le frottis cervico-vaginal, examen de référence dans ce domaine, est recommandé tous les 3 ans chez les femmes de 25 à 65 ans. Le rôle des médecins généralistes est primordial dans ce contexte, mais très largement sous-exploité par les patientes, à fortiori dans les régions médicalement sinistrées. Pour tenter de comprendre ce phénomène, nous avons réalisé une étude qualitative par entretiens semi-dirigés auprès de 31 femmes résidant dans l'Orne, afin d'explorer les freins qu'elles rencontraient à choisir un médecin généraliste pour réaliser leur frottis en zone de pénurie médicale, et proposer des pistes d'amélioration. Si les patientes étaient plutôt bien suivies, principalement par des gynécologues, le manque d'information majeur, le manque d'habitude de recours au généraliste pour ce motif , le sexe de l'examinateur et le défaut d'offre de soin disponible étaient les principaux freins retrouvés. Pourtant, la majorité des femmes évoquaient des avantages à la réalisation du frottis par un généraliste, notamment en termes de disponibilité, de localisation géographique, d'écoute, d'approche et de qualité du lien avec ce dernier. Plusieurs pistes sont proposées pour améliorer le suivi des patientes en zone de pénurie médicale : une campagne d'information et de dépistage départementale, une amélioration de l'information fournie par les gynécologues, une sensibilisation accrue des médecins généralistes à l'information des patientes et à la pratique du frottis, ainsi que la mise en place de tests d'auto-prélèvements vaginaux chez les patientes échappant au dépistage classique par frottis, le tout en poursuivant les efforts de repeuplement des zones de pénurie médicale.
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