Résumé : |
Introduction : En France, un suivi gynécologique systématique est recommandé pour toutes les femmes. Pourtant, il apparaît que les femmes atteintes de schizophrénie sont moins suivies. Cette étude a pour objectif de caractériser le suivi gynécologique de femmes schizophrènes afin de mieux l'appréhender. Méthode : Nous avons réalisé une étude qualitative par entretiens semi-dirigés auprès de patientes schizophrènes stabilisées sur le plan psychiatrique. Une analyse thématique continue a été réalisée et a permis la création, en parallèle, d'un arbre thématique. Résultats : 12 entretiens ont été réalisés auprès de patientes schizophrènes âgées de 20 à 71 ans. L'arbre thématique est divisé en 4 catégories. La perception du risque de cancers gynécologiques était faible malgré la présence de facteurs de risques. Les dépistages par frottis cervico-utérin ou mammographie n'étaient pas réalisés régulièrement. Le principal risque perçu était la grossesse. Néanmoins elles utilisaient peu la contraception, en raison d'interactions avec leur traitement et le manque de confiance dans les moyens de contraception. Le désir de grossesse était fréquent et rarement abordé auprès des psychiatres. De nombreuses grossesses n'étaient pas prévues, aboutissant parfois à une interruption volontaire de grossesse. La maternité a toujours été vécue de manière positive malgré parfois des difficultés, perçues par les patientes, entrainant le placement des enfants. De nombreux facteurs influençaient le recours aux soins, à commencer par la pathologie elle-même ainsi que les conditions de vie des patientes et leurs entourages familial et social. Le parcours de soins, en particulier les professionnels de santé capables d'effectuer ce suivi, étaient difficilement identifiés. Le suivi était principalement réalisé par le gynécologue. La place du médecin généraliste n'était pas centrale. Discussion : Les patientes interrogées avaient une perception plutôt adaptée du suivi gynécologique. Néanmoins, le suivi demeurait irrégulier, en raison de la schizophrénie, de leurs conditions de vie mais aussi de difficultés dans l'accès aux soins. Il pourrait être intéressant de placer le médecin généraliste au cœur de cette prise en charge car il semble être capable de réaliser une approche centrée sur les patientes.
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