Et si la dépression était un trouble de la (ré)évaluation de soi ? : intérêt du Response Shift dans l'analyse de l'effet des traitements sur l'évolution de la symptomatologie dépressive du point de vue des patients

Les états dépressifs constituent un problème majeur de santé publique et un challenge thérapeutique. Pour optimiser et personnaliser les soins dans une optique de rémission complète et durable du point de vue du sujet, il est essentiel d étudier la façon dont les patients eux-mêmes rapportent leur s...

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Auteurs principaux : Bulteau Samuel (Auteur), Sébille-Rivain Véronique (Directeur de thèse), Sauvaget-Oiry Anne (Directeur de thèse), Aouizerate Bruno (Président du jury de soutenance), Richieri Raphaëlle (Rapporteur de la thèse), Falissard Bruno (Rapporteur de la thèse), Drapier Dominique (Membre du jury), Brunelin Jérôme (Membre du jury)
Collectivités auteurs : Université de Nantes 1962-2021 (Organisme de soutenance), École doctorale Biologie-Santé Nantes (Ecole doctorale associée à la thèse), SPHERE Nantes Tours (Laboratoire associé à la thèse)
Format : Thèse ou mémoire
Langue : français
Titre complet : Et si la dépression était un trouble de la (ré)évaluation de soi ? : intérêt du Response Shift dans l'analyse de l'effet des traitements sur l'évolution de la symptomatologie dépressive du point de vue des patients / Samuel Bulteau; sous la direction de Véronique Sébille-Rivain et de Anne Sauvaget-Oiry
Publié : 2021
Accès en ligne : Accès Nantes Université
Note sur l'URL : Accès au texte intégral
Note de thèse : Thèse de doctorat : Biologie, médecine et santé : Nantes : 2021
Sujets :
Description
Résumé : Les états dépressifs constituent un problème majeur de santé publique et un challenge thérapeutique. Pour optimiser et personnaliser les soins dans une optique de rémission complète et durable du point de vue du sujet, il est essentiel d étudier la façon dont les patients eux-mêmes rapportent leur symptomatologie au cours du temps. La méthode la plus répandue consiste à répéter des évaluations par auto-questionnaires et analyser l évolution des scores totaux au cours du temps. La pathologie dépressive étant une entité complex et hétérogène il est intéressant, au-delà de l addition globale des items, de s intéresser aux scores de dimensions reflétant des processus physio- et psychopathologiques différents. La façon dont le sujet côte les items de l échelle peut varier, au-delà de l effet propre et réellement ressenti du traitement, du fait d un changement de perception de la symptomatologie qui peut se traduire lors de la cotation par le phénomène de response shift correspondant à des changements du cadre de référence (recalibration) et des priorités (repriorisation) du patient, ou dans la compréhension de ce à quoi se rapportent les items (reconceptualisation). Le response shift est susceptible de modifier l interprétation des résultats dans un essai contrôlé comparant plusieurs modalités de traitement (sur ou sousestimation de l effet intrinsèque du traitement dans un groupe par exemple) et ainsi constituer un biais de mesure. Ce phénomène peut dans certains cas être expliqué par des mécanismes d adaptation psychique (reappraisal) à l oeuvre dans la réappréciation au cours du temps des symptômes dépressifs qui incluent des altérations de la perception de soi. L objectif de ce travail était d essayer de détecter la présence de response shift au cours de la phase de traitement initial dans un essai contrôlé randomisé. Les données d une étude (n=170) comparant venlafaxine et stimulation magnétique transcrânienne (rTMS) et utilisant la version courte de la BDI (BDI-13) ont été réanalysées. Premièrement, une analyse factorielle a montré dans cette population que cette échelle pouvait évaluer 3 dimensions : tristesse de l humeur, référence à soi négative et altération des performances. Deuxièmement, les sujets ayant des antécédents de tentative de suicide ou de trouble de la personnalité ont des niveaux moyens sur la dimension de référence à soi négative plus élevés tout au long du traitement soulignant l importance des processus de référence à soi dans le pronostic de la maladie. Enfin, le phénomène de response shift a pu être détecté dans le groupe antidépresseur seul grâce à la méthode dite de Oort, basée sur des modèles à équations structurelles (SEM), principalement sous la forme recalibration uniforme sur la dimension référence à soi négative : les sujets cotaient en moyenne plus sévèrement cette dimension à niveau de dépression globale équivalent au cours du temps. Une recalibration non-uniforme sur la dimension de tristesse de l humeur a également été détectée : les réponses devenaient plus homogènes au cours du temps sur cette dimension. La mise en évidence de response shift confirme l importance d étudier ce phénomène dans les troubles de l humeur. Les limites et perspectives méthodologiques sont discutées au regard des spécificités de la pathologie dépressive et de l état actuel de l évolution des techniques d analyses. Au-delà de la détection, l enjeu de la compréhension du response shift nécessite de recenser les variables susceptibles d entrer dans les modèles théoriques explicatifs et pertinentes pour le design de futures études. Penser ces évolutions méthodologiques amène à repenser les mesures de la dépression en tenant compte des modifications de capacités de reappraisal (cognitif, émotionnel et dans la perception de soi) au cours du temps en cohérence avec les données les plus récentes des neurosciences. [...]
Major depressive disorder treatment remains a challenge as well as a major public health concern. To optimize and personalize care and reach sustained remission from the patients perspective it is crucial to study the way patients self-report their symptoms over time. Usually, this evaluation is based on a self-assessment scale, such as Beck Depression Inventory total score at different time during treatment course. Given that depression is a complex and heterogeneous disease, it may be relevant to assess domains rather than global scores, ideally reflecting some known and different aspects of the physiopathology. The way patients score items may vary depending on changes in symptomatology perception, beyond the true change really felt by the patient as a direct consequence of treatment intrinsic effect. This phenomenon is referred to as response shift which corresponds to changes in the patients frame of reference (recalibration), and/or priorities (repriorization) and/or items understanding (reconceptualization). Response shift could mitigate results interpretation in comparative trials and thus constitute a measurement bias. In some situations this phenomenon could also be indicative of adaptation mechanisms at the psychological level (reappraisal) influencing symptoms perception, which may partly depend on environnement and self-referencing process. The aim of this work was to verify, thanks to a secondary analysis, if response shift could be detected between two measurement points (before treatment and 4 weeks after) in a randomized controlled trial (n=170) comparing antidepressant (venlafaxine) and repetitive Transcranial Magnetic Stimulation (rTMS) and using a short-form of Beck depression Inventory (BDI-13) as a patient-reported outcome (PRO). Firstly, a factorial analysis showed within this sample that this scale was able to measure 3 domains; sad mood, negative self-reference and performance impairment. Secondly, patients who presented at baseline with a personality disorder and/or a suicide attempt(s) history showed higher mean depression level within the negative self-reference domains before and during treatment, underpinning the importance of self-referencing processes in treatment issue. Eventually, response shift could have been detected in the venlafaxine group thanks to Structural Equation Models (Oort s procedure). First, uniform recalibration was evidenced on negative self-reference domain, suggesting that patients rated items of this domain more severely over time despite a similar mean depression level. Due to uniform recalibration, the true change could have been underestimated on this domain in this group, if not taken into account. Non-uniform recalibration was found on the sad mood domain which may be indicative of a greater homogeneity of response for the items of this domain over time in this group as well. Those results highlight the importance of studying the presence, the magnitude and direction of response shift according to several domains in sub-groups of patients. This approach could be promising to improve treatment personalization in depression. Nonetheless, technical and conceptual limits are discussed and some room for improvement is suggested regarding depression specificities and methodological advances in response shift field, which is still in its infancy. Beyond proper detection, another challenge for researchers is to understand and explain response shift thanks to an adaptation of theoretical model to depression, and the inclusion of relevant clinical variables in study design. Rethinking the way we measure depression with PROs require taking into account reappraisal capacities over time (at the emotional and cognitive level, especially regarding selfperception) in concordance with recent findings in neurosciences. [...]
Variantes de titre : If depression was a self-(re)appraisal disease ? : interest of Response Shift for the analysis of treatment effects on depressive symptomatology changes from the patient s perspective
Notes : Titre provenant de l'écran-titre
Ecole(s) Doctorale(s) : École doctorale Biologie-Santé (Rennes)
Partenaire(s) de recherche : SPHERE (Laboratoire)
Autre(s) contribution(s) : Bruno Aouizerate (Président du jury) ; Dominique Drapier, Jérôme Brunelin (Membre(s) du jury) ; Raphaëlle Richieri, Bruno Falissard (Rapporteur(s))
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